Article écrit le dimanche 27 novembre 2005.
L’Italie se réjouit d’accueillir la première course de la Coupe du Monde de la saison 5. Une course longue et exigeante pour les frêles jambes de nos coureurs trop longtemps au repos.
S’il parait clair que le Poggio arbitrera les débats dans le dernier secteur, il est difficile de prévoir combien de coureurs y arriveront ensemble. D’autant que l’ascension du Turchino dans le secteur 5, sans être d’une violence inouie, n’en sera pas moins sélectif.
294 km répartis sur 9 Secteurs
Secteur 1 - 29F : Milano - Pavia
Secteur 2 - 21F : Pavia - Casteggio
Secteur 3 - 45M : Casteggio - Novi Ligure
Secteur 4 - 23M : Novi Ligure - Ovada
Secteur 5 - 25D2 : Ovada - Passo del Turchino
Secteur 6 - 54F : Passo del Turchino - Spotorno
Secteur 7 - 38F : Spotorno - Allasio
Secteur 8 - 37M : Allasio - Cipressa
Secteur 9 - 22M : Cipressa - San Remo
Vainqueurs précédents : Nicolas Janssen (Mockba Trackv), Gian Lucca Branco(Courants d’Airs), Joseph Bar (Max Attack) et Julien Durand (Monsieur Propre).
La Course
Première course de la saison, première course de la Coupe du Monde, les hostilités sont enfin lancées. Le nord de l’Italie a la chance d’accueillir un peloton massif (plus de 230 coureurs) au plus grand bonheur des spectateurs présents en masse le long du parcours. Le soleil aidant, il n’est pas rare de voir des "Mamas" faire une généreuse distribution de "boulettes à la milanaise" au public et même à certains coureurs qui risquent de rapidement le regretter durant l’ascension du Turchino.
Le premier coup de théâtre ne va pas se faire attendre, dès le dizième kilomètre, un des favoris Andreï Absilov (Chouffe) est surpris par le piètre état de la route et se retrouve au sol entraînant dix coureurs dans son sillage. Trois coureurs n’iront pas plus loin, trois coureurs qui auraient eu leur mot à dire sur ce parcours : Johnny Depp (The Patrick Saint Graal), Benji Pelo (Vodka Maffiovskaia) mais surtout Andreï Absilov (Chouffe). C’est la panique chez les bookmakers et nous n’osons par regarder du côté du clan Chouffe.
C’est sans aucune pitié, profitant du coup de massue reçu par le peloton qu’un jeune effronté se lance à l’attaque. Zacharie Okonrokwo (Amicale Brazzaville Congo) prend plus de deux minutes au peloton sur à peine 16 kilomètres. Le cavalier se poursuit tant et si bien que dans les rues de Casteggio, son avance culmine à plus de cinq minutes. Le peloton est amorphe... mais ça n’empêche pas Atorra Sushiwa (Au Revoir) de rendre ses armes. Il abandonne. C’est compréhensible, il était au première loge lors de la pirouette d’Absilov essayant de protéger son coéquipier Neil Armstrong (Au Revoir).
Derrière, certains leaders ne peuvent plus accepter un tel comportement du peloton. Avant qu’il ne soit trop tard, avant de rééditer le scénario de l’Etoile Jurassienne, il faut réagir. C’est Osmobouldine Gritamine (Mayoyone), débordant de motivation qui lance la contre-attaque. Les compteurs s’affolent, 16 coureurs à la poursuite de l’échappé solitaire. L’Amicale Brazzaville Congo n’a pu glisser un coureur dans ce groupe afin de dicter un faux rythme. Notons-y la présence de Brice Wullus (Max Attack), Vic Chesnutt (Bifteck Joe Moon), Jeremy Lebourinasse (Au Revoir) et Luc Alfonce (Ilenrest Africa Tour).
Au tier de la course, Okonrokwo voit son écart diminuer à 2min25 des poursuivants aux dents longues tandis que le peloton se retrouve à 11min28. Il n’est pas trop tard pour le peloton, le Passo del Turchino sera décisif pour eux, les perdants que sont Chouffe, Quick, Monsieur Propre et Agritubel MBK doivent mobiliser leurs troupes ... au moins par orgueil ! Au pied de ce col, certains essaient de prendre de l’avance afin d’être encore dans la course au sommet. Vic Chesnutt (Bifteck Joe Moon) s’extrait des poursuivant mais immédiatement repris avec autorité par le groupe de Christof Van Gerburen (Les Timbrés). Ils resteront 16 pour affronter l’ascension. Seul Insupo Eoli (SCPR) tente la contre-attaque dans le peloton. Certains journalistes ont déjà trouvé leurs bêtes noires pour la saison au vu de la piètre performance de formation se disant "Grande".
45 secondes pour Zacharie Okonrokwo (Amicale Brazzaville Congo). Cher payé pour son fabuleux solo. Le Poggio est encore loin, ce sera dur de resister jusque là aux assauts adverses. Et c’est parti ! Le festival italien dans toute sa splendeur, le théâtre est dans la rue ! Suites aux incessantes accélérations des Domo Steacks Frites, seuls onze coureurs parviennent à rester dans le premier groupe des poursuivants, onze coureurs avalant Zacharie Okonrokwo. Il faut s’accrocher. Le peloton serait-il entrain de se réveiller ? Nicolas Janssen (Chouffe) dépité par l’absence d’Absilov lance une ultime offensive, espérant emmener un groupe suffisamment docile et travailleur avec lui pour revenir sur tout ce petit monde. 17 coureurs l’accompagnent dont Mah Khin-Toch (Fantasian Park) qui a le visage des mauvais jours, il semble juste vouloir se montrer. Sur leur lancée, ils reviennent sur Insupo Eoli (SCPR) ... qui réattaque quelques kilomètres plus loin. Ca démontre une certaine mésentente dans le groupe, ils ne reviendront jamais.
Tour à tour les coureurs atteignent le sommet, les visages sont incroyablement différents que l’on soit en tête ou à l’arrière de la course. Le groupe de tête (12 coureurs) emmené par un étourdissant Big Nug (SCPR) possède 1min56 sur celui (5 coureurs) de Sergueï Mulitski (Vodka Maffiovskaia) tandis que les perdants -nous sommes obligés de les appeler ainsi au vu de leurs qualités indéniables sur ce type de parcours- sont repoussés à 13min6. Le comportement de Mah Khin-Toch (Fantasian Park) en est le pur symbole. Il est un véritable poids mort pour ce groupe. Où est passé le formidable coureur de la Summer Cup ?
La course se fige quelque peu dans les kilomètres qui suivent. Les douze coureurs de tête gèrent leur avance sont donner le coup de pédale de trop. Il faut attendre les septantes derniers kilomètres pour avoir droit à de nouveaux moments d’anthologie !
Alors que Osmobouldine Gritamine (Mayoyone), avec l’aide de Vic Chesnutt (Bifteck Joe Moon) et de la Vodka Maffiovskaia, désire revenir sur la tête de la course et que Zacharie Okonrokwo (Amicale Brazzaville Congo) est obligé de lâcher prise devant, c’est à l’arrière que nos regards se tournent. La Fantasian Park a bien caché son jeu. Mah Khin-Toch (Fantasian Park) surprend tout son monde et sort du groupe de poursuivants. Il peut compter sur le duo Jonathan Géradon (Mosdi-Theil) Cyril Theillus (Mosdi-Theil). Nicolas Janssen (Chouffe) n’apprécie pas du tout cette attitude. Il s’est protégé en queue de groupe avant de faire faux bond ! Igor Khagounoff (Vodka Maffiovskaia) fait l’effort pour ramener à bon bord les trois brebis galleuses. Ca n’aidera pas à les faire revenir. Les derniers espoirs s’envolent.
Notons le gag du jour, il nous vient de Lait Derniers. Complètement absent, revendiquant un certain statut auprès des instantes dirigeantes de l’UCM, au kilomètre 285, en chutant Zhou Gao (Lait Derniers) entraîne son coéquipier Yan-Lewis Mendangue sur le bitume.
Le Poggio va-t-il sacrer le coureur le plus costaud ? Cette fois, c’est sûr, le vainqueur se trouve parmi les 11 coureurs formant le groupe de tête. Domo Steacks Frites, Les Timbrés et Max Attack sont les mieux représentés, la victoire semble être en eux. Tels des chiens de fayence, les coureurs se regardent, personne n’ose prendre ses responsabilités. Ils se jaugent et semblent faire du surplace ! Jeremy Lebourinasse (Au Revoir) part de loin, il est costaud, c’est le plus fort du groupe ... Non ! Luc Alfonce (Ilenrest Africa Tour) le passe à même la ligne, d’où sort-il ? Tel le diable de sa boîte, il apparaît pour lever les bras au ciel ! Antoine Ledernier (Mayoyone) échoue au pied du podium pour sa première course officielle. Christof Van Gerburen (Les Timbrés) a choisi la mauvaise roue aujourd’hui tandis que Richard Lavoisier (Domo Steacks-Frites) semble contester le sprint de Brice Wullus (Max Attack).
Zacharie Okonrokwo (Amicale Brazzaville Congo) passe la ligne à la douzième place, à moins de deux minutes trente. Il remporte le Prix de la combativité UCM sans l’ombre d’une hésitation. Nicolas Janssen (Chouffe) termine à 7min23 du vainqueur avec un goût amer au vu du déroulement et surtout du comportement de certains coureurs. On reparlera encore longtemps de la chute d’Andreï Absilov, le scénario aurait été sans aucun doute différent.
C’est au moment de l’écriture de ces lignes qu’on a appris l’incarcération de Claude Libouton (Mayoyone) pour suspicion de fraude fiscale.