Deuxième Étape :
Patator surclasse le peloton |
Giro Magazine - Nikios, vous êtes le Directeur Sportif de Festinaland, une équipe très controversée. A côté
de résultats plus que magnifiques, il y a les "unes" dans les magazines à scandale.
Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler .Tout ce que je peux dire , c'est que les sponsors sont
particulièrement satisfaits du début de saison et ne se sont jamais plaint depuis la création de l'équipe il y a
maintenant deux ans ...
Giro Magazine - L'événement de début de saison qu'on associe à Festinaland est le départ à la mi-saison de
Mickey. Vainqueur de la Vuelta et second du Dauphiné. Il s'agit d'une catastrophe pour l'équipe.
Je pense que c'est avant tout une catastrophe pour Mickey qui perd ainsi toute chance de bien figurer dans le
tour d'italie et qui risque de retomber dans l'anonymat pour le reste de sa carrière... imaginez qu'il soit
acheté par Agritubel ou laits derniers à la mi saison... l'équipe Festinaland quand à elle s'est déjà ressaisi
avec la victoire de Patator lors de la deuxième étape... nous avons deux courreurs susceptibles de bien figurer
dans les étapes de montagne et trois qui sont capables de remporter le contre la montre de la 7eme étape ,
nous n'avons donc aucune raison de nous inquiéter pour l'avenir de l'équipe...
Giro Magazine - Présente sur tous les tableaux, de la Festinaland Team le public et vos collègues ne
retiennent que les frasques négatives. Des rumeurs concernant un possible retrait de votre sponsor principal
circulent. Qu'en est-il ?
Le sponsor principal est un fabricant de produits pharmaceutiques et n'a bien entendu aucune raison de se retirer
alors que les courreurs se contentent de suivre les indications de ce meme sponsor... Le sponsor secondaire
est un cartel colombien qui n'a pas non plus de raison particulière de se retirer pour ce genre de peccadilles...
D'autant que pedro escobar, un de nos plus fidèles courreurs, a des liens familiaux avec la plupart des membres
de ce cartel et il serait donc très surprenant que ce sponsor se retire dans ces conditions...
D'ailleurs, les gens qui font circuler ce genre de rumeurs devraient faire attention à ne pas exagérer car les
colombiens ne sont pas toujours très patients et un accident est vite arrivé...
Johanesburg Pharma Search :
Un an après la tempête... |
Giro Magazine - On se souvient de Johanesburg Pharma la saison dernière à cause d'un événement plutôt troublant.
Les suspicions de fabrication de produits dopants. Comment avez-vous vécu cette période et a-t-elle eue un impact
négatif sur votre sponsor ? (retrouvez l'article du Giro 2001 s'y rapportant
ici)
Vous savez, quand on est un laboratoire pharmaceutique parmi les leaders mondiaux, on est souvent confronté à ce
genre d’attaques faciles. Les laboratoires JPS fabriquent des médicaments génériques qu’ils distribuent à travers
la planète et surtout le tiers-monde, vous devez bien vous douter que ça dérange du monde.
Il est parfaitement exact que les laborantins de JPS manipulent des produits dits « dopants », mais ces produits
rentrent dans la fabrication de tellement de médicaments qu’il leur est impossible de faire autrement, ils ne vont
pas laisser mourir des millions d’innocents sous prétexte qu’ils sponsorisent une équipe de coureurs cyclistes.
Au niveau de l’équipe, nous avons eu un soucis avec Sean Darpenter qui a quelque peu bousculé la sérénité du groupe,
mais depuis il est parti sous d’autres cieux et tout est rentré dans l’ordre. J’en profite pour lui souhaiter bonne
chance dans sa nouvelle équipe.
Quand à l’impact, d’après Mr Muller, il a été quasi nul. Qui se soucie des résultats sportifs quand des millions de
vies sont en jeu ?
Giro Magazine - Il est quand même stupéfiant de constater que l'UCM n'a jamais réalisé d'enquête sur ces propos
tenus dans notre Gazette il y a un an.
Stupéfiant !!!
Si ce jeu de mot est volontaire, il est de mauvais goût.
Sachez monsieur, qu’à cette époque le président Samaranch a ordonné une enquête dont nous sommes sortis complètement
blanchis.
Giro Magazine - Si je peux me permettre, à l'époque c'était Jean-Marie Legland qui dirigeait le Tour. Mais
changeons de sujet de conversation puisque je détecte en vous une petite pointe d'énervement. Parlons de vos
résultats. Aucun point glané avant cette troisième étape.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais sûr que j’aurais droit à cette question. Il est clair que les résultats sont
nettement en-dessous de ceux escomptés. Maintenant, l’équipe JPS n’est pas une équipe de « classiques », nous
n’avons aucun coureur capable de rouler seul contre un peloton sur 100 km. La force de l’équipe c’est sa cohésion
et son esprit de groupe, c’est pour ça que nous sommes beaucoup plus à l’aise sur les « tours ». Le début de saison
n’est pas fait pour les équipes comme nous, c’est l’affaire des baroudeurs et nous attendons notre heure qui arrive
avec ce Giro.
Aujourd’hui dans cette troisième étape, Helmut et Eric ont fait parler la poudre, il ont pris 5 minutes au peloton
et ça c’est la première bonne nouvelle de l’année.
Giro Magazine - Apparemment ce sujet n'est pas plus à votre goût. Recommençons notre flash back, vous aviez
cité KerBihan comme futur vainqueur du Giro. Les événements vous ont donné raison. Alors cette année qui voyez-vous
vainqueur ?
Seriez-vous en train de suggérer que je suis meilleur pronostiqueur que coach ?
Pour Kerbihan c’était pas très dur, c’était un des favoris et il l’a logiquement emporté.
Cette année le plateau est beaucoup plus ouvert avec l’arrivée des ligues continentales et les pronostics n’en sont
que plus difficiles.
Je dirais Mancho, Kervadec, Bralon avec Honnoir et Fontaine pour nous.
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Gros plan :
Durdyn Aleval nous retrace son parcours ! |
Giro Magazine - Vous êtes le Directeur Sportif de l'équipe sponsorisée par A.M.I. et arrivée en
droite ligne de la Ligue America. Quels souvenirs gardez-vous de votre parcours qui vous a permis
d'accéder en Mondiale ?
Haaaa, l'America! Que d'émotions en y repensant: les camps de survie organisés par la Chouffe Inc en
Alaska, les courses au Brésil, en Jamaïque, les coups de gueules du Bandard, les attaques folles lors de la
première saison, les sprints monotones de la 2°... Ceux qui ne l'ont pas connu ne peuvent pas comprendre,
snif.
Pour moi, l'America, c'était l'adolescence de ma carrière de DS. Des consignes de courses données aux
coureurs sans que je les comprenne moi-même, une équipe de perdu que j'arrive à hisser dans les
hauteurs du classement, des convois nucléaires décimant mes coureurs, ... la belle vie quoi.
J'y ai commencé ma carrière de DS en reprennant une équipe de tétraplégiques: la regrettée Peugeot. Grâce
des vélos spécialement adaptés à leur handicaps et mes subtils tactiques comprises par peu de personnes sur
terre, nous arrivons quand même à gagner la grande course par étape de la saison ... malgré l'urine verte
d'Eddy Marckx (mais il a été excusé par le médecin de Chouffe qui a déjà observé ce phénomène lors de
nombreux baptêmes).
La saison suivante, je décide de passer à l'échelon supérieur en créant ma propre équipe mais de
paraplégiques cette fois ... et les résultats se font attendre! En effet, les vélos ne sont plus du tout
adaptés et nous n'avions plus d'argent pour en racheter d'autres. J'ai donc passé plus de la moitié
de la saison à leur apprendre à rouler en tenant le guidon par les dents et en pédalant avec la jambe et
le bras droits.
Seulement, lorsque le grand rendez-vous arriva (càd le Tour du Brésil), Eddy Marckx craqua et s'injecta à
l'insu de mon plein gré de l'EPO! On peut le comprendre car lui n'était pas paraplégiques mais
tétraplégique puisqu'il était issu de l'école de formation Peugeot! Donc rien n'expliquait son absence
de résultats.
Fort heureusement, la beauté du sport fut respectée puisqu'il fut contrôlé positif après sa victoire dans
le CLM (quel con aussi de gagner deux étapes plus tôt que prévu ... heuuuu, mais je n'étais pas au courant,
hein? Faut avouer que je sais même pas compter et me rendre compte que 15 fois 1,4 est supérieur à 20 :( )
Cette exlusion eu des effets forts différents sur les autres coureurs de l'équipe. Certains en sont devenus
malades alors que d'autres, comme Franck, y ont puisé une énergie insoupçonnée (et néanmoins au dessus de
tout soupçons) pour gagner 3 étapes d'affilées (il y en avait eu une 4° mais les organisateurs se sont
trompés de parcours et ont fait recourir l'étape. Franck, fatigué, n'a pas pu gagner deux fois en un
jour, ce qui est encore une fois la preuve qu'il est un être humain normal et non un monstre issu du
dopage), ainsi que les maillots verts et à pois, ne terminant qu'à une poignée de secondes du maillot
jaune pour avoir couru le CLM en se préservant pour aider Marckx dans la montagne.
Giro Magazine - Vous vous êtes très rapidement habitués au rythme du peloton Mondiale. Aujourd'hui vous avez
obtenu le maillot Giro. Déjà satisfait de votre saison ?
Disons qu'avec cette victoire, la première moitié de saison ne sera de toutes façons pas ratée. Mais
l'équipe a des objectifs beaucoup plus élevés sur ce Giro, surtout après la déception du Dauphiné : ma
femme, ... je vous ai déjà parlé de ma femme? Elle adore Giro magazine. En fait, elle le lit tout les
jours depuis qu'on se connait. C'est vraiment une de vos fans ... mais de quoi je parlais encore? Ha oui,
du Dauphiné ... ma femme a fait un malaise et j'ai du rentré dare-dare (motus?) en Belgique et n'ai donc pas
pu encadrer mon équipe lors des deux dernières étapes. Nous étions pourtant en tête et ce genre de course
nous convient parfaitement.
Pour ce qui est du reste de la saison, il faudra voir si les coureurs resteront motivés mais participer au
TdF est mon rêve. Avec ses 14 étapes, cette course est une légende à laquelle tout DS digne de ce nom rêve de
participer. Quand à y faire de belles performances, ca sera une autre histoire ... peut-être quelques coup d'éclat.
Giro Magazine - On est au pied de la montagne. Un véritable défi s'offre à vous et à Frank Vandenboos.
Serait-il capable de réaliser le même exploit que Dubois il y a deux sur le tour de France, c'est-à-dire remporter
le tour italien en tant que sprinto-puncheur ?
Pas sans prendre de substances illicites. Hors, Franck a clairement démontré (malgré les railleries des
mauvais perdants ;) ) avec ses 3 contrôles négatifs d'affilées l'année passée qu'il ne mangeait pas de ce
pain là!
N'oublions pas non plus que le Giro ne fait que commencer et que les écarts sont encore ridicules. VdB
est encore jeune et aura tout le temps de s'améliorer en haute montagne où il est encore fort juste. Ses
victoires de l'année passée ont été acquise face à une tout autre concurence que les équipes que l'on
rencontre en mondiale. De plus, le contexte était particulier: le leader de l'équipe venait de se faire
contrôler positif (le stress de devoir défendre sa victoire acquise un an plus tôt ... ce jeune coureur a
succombé au côté obscur de C2000 mais a retenu la leçon)
L'exploit de Dubois date d'une autre ère. Les champions et les époques ne peuvent pas être comparés
ainsi.
Bon, maintenant, si Franck gagne, n'en déduisez pas tout de suite qu'il se dope ... il aura démontré sa
classe naturelle, c'est tout ;)
Giro Magazine - Comment voyez-vous votre avenir sur ce tour d'Italie ?
Je vais laisser venir, les étapes de montagne vont être décisive !
J’aime pas trop planifié, il y a toujours des surprises..
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